Des projets et des infirmières : lauréats de l'appel à projets infirmiers
Pour la première fois depuis sa création, l’URPS Infirmiers LR a lancé le 24 juin dernier, un appel à projets aux infirmiers libéraux du Languedoc-Roussillon pour répondre aux enjeux de santé publique, à savoir la coordination interprofessionnelle, la prévention primaire, les pathologies chroniques et les systèmes d’information de santé. Cet appel à projets visait à faire émerger des initiatives originales de nos consœurs et confrères libéraux ou à promouvoir les initiatives ayant déjà fait preuve de leur efficacité, afin d’améliorer les prises en charges des patients et valoriser la compétence infirmière.
Cette première saison de l’appel à projets de l’URPS est enfin terminée. L’Assemblée Générale s’est réunie le 18 décembre dernier et a examiné les 9 projets qui lui ont été soumis. Parmi eux, trois ont été retenus par l’URPS pour être expérimentés sur le terrain. Nous vous emmenons à leur rencontre.
Lauréat n°1 : « Solidarité Diabète »
Le lauréat : Michèle Fassier, infirmière libérale exerçant au sein du quartier de la Paillade, à Montpellier. A ses côtés, une équipe est composée d’infirmiers libéraux, comme elle, mais aussi de médecins généralistes, de kinésithérapeutes, d’une diététicienne et d’un pédicure-podologue. Tous exercent dans le quartier de la Paillade.
Le constat : La Paillade, quartier populaire territoire socialement défavorisé de Montpellier, comporte un grand nombre de patients atteints de diabète de type II avec toutes les complications que cela suppose : amputations, problème ophtalmologiques.... « Ces patients, en outre, ne maîtrisent pas assez bien la langue française, ce qui implique souvent les difficultés d’accès aux médecins spécialistes », analyse Michèle Fassier.
Le projet : Continuer à organiser des rencontres « ateliers collectifs » entre patients et professionnels de santé pour expérimenter et proposer des recommandations d’éducation thérapeutique.
En pratique : Les patients sont invités via les professionnels de soin de proximité (médecin généraliste, infirmière), à se rendre à des ateliers collectifs hebdomadaires d’une durée de 3 heures. En dehors et durant toute la durée du programme, un lien téléphonique est systématiquement assuré entre l’infirmière, fil rouge du programme, et l’ensemble des participants. Dans le cadre de ces rencontres, l’infirmière libérale réalise des bilans éducatifs partagés et individuels au début et à la fin du programme.
L’URPS a aimé : un projet social, humain et solidaire qui valorise la profession et répond aux besoins d’une population qui souvent victime de préjugés, et pourtant fragilisée elle aussi. Une initiative au cœur du quartier de la Paillade qui fait mouche depuis son lancement il y a trois ans, si l’on en croit le soutien et le financement déjà apportés par l’ARS (2012), l’association CHRONEDUC (2013) et la CPAM (2014).
L’URPS leur alloue une enveloppe de 5 000€ afin de permettre le financement du travail réalisé par les infirmières libérales.
Lauréat n°2 : « Prise en charge des retours à domicile des patients sortis de chirurgie »
Le lauréat : L’association d’infirmiers libéraux « EIL » basée à Ganges. Cette association regroupe environ 60 infirmiers et infirmières libéraux. Nombre de médecins concernés: 36. Nombre d’établissements concernés : 4
Présidente : Lydia Clairet Charandak.
Le constat : Le développement de la chirurgie ambulatoire est devenu un des enjeux majeurs de la politique de santé. Au regard des objectifs ministériels, celle-ci va s’intensifier de plus en plus dans les années à venir. Cependant, aujourd’hui la chirurgie ambulatoire ne peut être proposée à tous les patients, notamment aux patients fragiles physiquement, psychologiquement et socialement. D’où la nécessité de sécuriser le retour des patients fragiles afin de favoriser l’accès à la chirurgie ambulatoire pour des patients qui, en raison de leurs fragilités, ont peu recours à ce mode de prise en charge.
Le projet : Ce projet est né d’une demande d’un chirurgien et d’un anesthésiste de la clinique Saint-Louis, à Ganges, pour organiser le parcours du patient qui va subir une opération chirurgicale en ambulatoire.L’objectif est ici de sécuriser le retour à domicile des patients fragiles pour qui cette étape est une source d’inquiétude, y compris pour leur entourage.
En pratique :
- Avant l’intervention, le patient reçoit une prescription du chirurgien et choisit une infirmière libérale qui assurera les visites à son domicile après l’intervention.
- Le soir de l’intervention, l’infirmière libérale assure sa première visite afin de réitérer les consignes post-opératoires, s’assurer de la leur bonne compréhension et suivre l’état de santé du patient.
- Le lendemain, l’IDEL assure sa seconde visite et réalise les soins prescrits. Si nécessaire.
L’URPS a aimé : Ce projet fait naître de nouvelles pratiques professionnelles utiles et augmente le nombre de patients éligibles à la chirurgie ambulatoire.
Pour les soutenir, l’URPS n’a pas encore arbitré sur le montant alloué mais leur propose déjà une aide à l’ingénierie. Une fois finalisé, ce projet sera proposé à l’ARS. Notre URPS est persuadée que ce dispositif permettra de rapprocher la médecine de ville et l’hôpital. « Cette coordination est un enjeu fort pour la sécurité et la qualité de la prise en charge du patient », commente Lydia Clairet Charandak, Présidente de l’association.
Lauréat n°3 : « Collaboration médecin/infirmier dans le parcours de soin du patient douloureux chronique en secteur libéral »
Le lauréat : L’Association Catalane d’Infirmières Cliniciennes et de Consultation.
Présidente : Mme Yseult ARLEN
Qui participe ? Les 13 infirmières libérales membres de l’association sont mobilisée sur ce projet et ont même réussi à rassembler autour d’elles d’autres professionnels de santé, qui ont adhéré à l’initiative. A leurs côtés : 4 médecins généralistes, les services d’algologie et de rhumatologie du Centre Hospitalier de Perpignan, 1 kinésithérapeute, 1 pharmacie et 1 psychologue !
Leur constat : Faute de moyens de transmission d’informations entre structures et secteur libéral sur le terrain et face à des pathologies chroniques en constante augmentation, la prise en charge de tous les patients en demande est impossible… D’autant qu’ il n’existe qu’un seul service d’algologie dans les Pyrénées Orientales.
Leur projet : Mettre en place la coordination entre médecins et infirmiers libéraux pour le suivi d’un patient douloureux chronique. Ainsi, un médecin qui relève une difficulté dans le suivi du patient douloureux (traitement médicamenteux inefficace, non observance du traitement, troubles anxieux, syndrome dépressif), peut décider de l’adresser en suivi infirmier.
En pratique :
- Consultations d’évaluation et suivi grâce à la réalisation d’un bilan partagé.
Ainsi, l’infirmière
- reçoit le patient à son cabinet ou à son domicile et propose un accompagnement en mettant en pratique l’évaluation de la douleur qui se fait à l’aide de diverses grilles, échelles, tableaux…
- Ensuite, des traitements sont proposés: recueil de données cliniques, éducation à la santé, surveillance de l’observance, soins relationnels, méthodes non médicamenteuses de soulagement de la douleur.
- Au regard des données cliniques relevées, l’infirmière réoriente si nécessaire le patient vers le médecin prescripteur pour des investigations médicales complémentaires ou pour des prescriptions relevant de son rôle.
L’URPS a aimé : un projet qui fédère, répond à un enjeu de territoire et rassemble les professionnels autour d’un seul et même objectif : le bien-être du patient.
L’URPS leur alloue une enveloppe de 10 000€. Cette somme permettra de financer les consultations infirmières à hauteur de 30€/consultation.