Ville-Hôpital
La prise en charge de la perfusion à domicile par les infirmiers libéraux: Etude médico-économique (JALMA)
Durant ces dernières années nous assistons dans notre région à une montée en charge des établissements d'hospitalisation à domicile, fruit d'une politique tendant à inciter et soutenir activement les opérateurs de ce secteur.
Notre union a déjà alerté tout au long de différentes réunions avec l'Agence Régionale de Santé sur le développement souvent injustifié de ces structures dans certaines zones du Languedoc-Roussillon et sur la nécessité d'analyser les besoins de la population avec rigueur concernant ce mode de prise en charge avant de les inscrire dans les schémas de santé.
Or, ces besoins actuellement sont mal définis.
En effet, au regard de la démographie hétérogène des professionnels de santé dans notre région, il serait plutôt logique de favoriser le développement de l'HAD sur des territoires fragiles connaissant un manque de professionnels de santé, afin de remédier au problème d'accès aux soins sur le plan géographique.
La forte présence de professionnels de santé libéraux dans des zones suffisamment dotées, quant à elle, peut répondre pleinement aux besoins des malades y compris des malades très lourds nécessitant des soins complexes et techniques, et cela sans recourir à l’hospitalisation à domicile. L'installation de telles structures dans des zones denses en praticiens libéraux provoque des relations de tension entre ces différents intervenants à domicile compte tenu du manque de clarification des frontières entre eux.
La deuxième raison pour laquelle nous nous opposons au développement de l'HAD sans étude préalable est économique car il n’est pas démontré, loin s'en faut, qu’une structure de type HAD présente des avantages en termes d’efficience économique ou de meilleure qualité de soins par rapport aux professionnels de santé libéraux. Ainsi, le principe admis actuellement par les pouvoirs publics consiste à accorder à des promoteurs opportunistes des autorisations qui, certes répondent au schéma, mais s'éloignent d’une politique la plus efficace au meilleur coût.
En est la preuve la pérennisation de l'HAD du CHU de Montpellier lors de la dernière réunion du COSOS malgré le constat affligeant du rapporteur de la commission, selon lequel les HAD déjà installées n’atteignaient toujours pas leur seuil d’efficience ! Pourtant, le rapport de l’IGAS en la matière publié il y a un an vantait le particularisme intelligent du Languedoc-Roussillon, région la moins dotée en HAD grâce à la démographie dense en professionnels de santé… Cet état visionnaire des anciens décideurs a été trop vite balayé....Il fallait combler sans logique ni étude fine des besoins et de l'existant.
C’est dans ce contexte peu vertueux qui fragilise à la fois notre modèle libéral et notre système de santé que nous tenons à vous présenter une étude comparative médico-économique portant sur la prise en charge des patients dans trois secteurs d’activités : Hôpitaux de jour / HAD / Ambulatoire.
Cette étude sur la perfusion à domicile compare le coût d'une prise en charge d'un patient cancéreux à domicile par un établissement de HAD, un hôpital de jour et une équipe de soins ambulatoire qui comprend le plus souvent un prestataire de santé à domicile, infirmières et médecin libéraux. D'après cette étude, ce coût est moins important lorsque la prise en charge est réalisée en ambulatoire quel que soit le scénario envisagé. La différence de coûts est même « très significative ». "A qualité égale, elle se révèle jusqu'à 60 % moins chère que l'hôpital et jusqu'à 40 % moins coûteuse que l'HAD."
La situation des finances de santé actuelle permet-elle qu'on se prive d'un maillon tel que celui constitué par les infirmiers libéraux ? Sur la seule cancérologie, une prise en charge plus adaptée pourrait représenter, par extrapolation des conclusions de l'étude JALMA, une économie de plusieurs centaines de millions d'euros.
Étude qui illustre autant d’éléments qui devront nous permettre de prendre pour l’avenir des décisions éclairées et les plus adaptées pour nos malades afin de préserver l'efficacité de notre système de santé et ne pas voir voler en éclat notre chère assurance maladie.
Jean-François BOUSCARAIN
Président URPS IL LR
Pour en savoir plus cliquez ici:
Synthèse de l'étude réalisée par JALMA sur la perfusion à domicile (mars 2012)
Etude complète sur la perfusion à domicile (JALMA, mars 2012)SynalamNutritionPerfusionVD